Côte sauvage
Huile sur toile 90 cm x 30 cm
On adore revenir régulièrement sur cette côte déchiquetée et sauvage de la Presqu'île de Quiberon.
Par tous les temps, tempête ou grand soleil, la balade apporte ses surprises et provoque l'émerveillement.
Nous garons la voiture sur l'un des petits parkings aménagés et rejoignons le sentier le long des rochers.
On longe les a-pics au dessus de la mer et l'on contemple les vagues qui viennent s'écraser avec grand fracas d'écume bouillonnante.
Quand on fait la promenade avec de jeunes enfants, on ne cesse de leur demander de donner la main par souci de sécurité.
Leurs yeux pétillent de plaisir à l'idée d'enfreindre l'interdiction de s'approcher trop près du bord...
L'été, on croise sur le chemin, avec le temps de plus en plus canalisé et aménagé, des familles entières en ribambelle
ou des couples qui se régalent comme nous du paysage.
Je me souviens de la dernière fois où nous nous sommes promenés là avec mes parents.
Aujourd'hui, l'équipée n'est plus possible pour mon père vieillissant : il y a trop d'irrégularités, de pierres à enjamber,
de pentes plus ou moins glissantes et aussi le vertige qui le paralyserait à certains endroits...
Je songe à ces dernières sorties estivales où tout joyeux d'être ensemble, l'on se retourne de temps à autre pour discuter,
regarder les visages tout bronzés de ses proches et les prendre en photos.
Le vent, souvent fort, fait briller les yeux et perler quelques larmes,
emporte parfois une casquette que l'on va chercher en courant et en riant.
Le panorama sur la mer ne lasse pas.
Au détour de chaque pointe, c'est un nouveau spectacle de petites criques ou de failles.
Les vagues arrivent comme des chevaux galopant, claquent sur les rochers, s'insinuent dans les creux et ressortent en gerbes triomphantes.
La mer est blanche d'écume, turquoise parfois et aussi bleu marine ...
Le soleil de face, éblouit et rend les flots luminescents.
A l'heure où l'on fait demi-tour pour rentrer, la lumière est encore plus belle :
les couleurs de l'herbe rase, du sable et des rochers de granit sont plus contrastées.
J'ai peint cette côte sauvage de retour à la maison, au milieu du calme jardin
mais comme si j'étais encore imprégnée des embruns et fouettée par le vent.
A une exposition de groupe, le tableau lumineux fut choisi pour illustrer le carton d'invitation.
Très vite, la toile fut retenue et adoptée par un couple de montpelliérains
très amoureux de la Bretagne et nostalgiques de ses côtes rocheuses et escarpées.