Les amoureux de Salvador

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Les amoureux de Salvador
(Huile sur Toile 1,00 m x1,00 m )
 

Il est un endroit à Salvador de Bahia que tous les visiteurs de cette ville reconnaitront si je l'évoque.
C'est, dans la ville haute, la Praça Municipal qui domine le Port et la baie de Todos os Santos.
Un lieu un peu magique quand le jour tombe.
C'est un peu comme au Trocadéro quand on regarde la Tour Eiffel.

Il ne peut pas y avoir sur cette place de gens pressés. On est obligé de flâner ...de regarder le paysage, de s'arrêter.
La Tour Eiffel à Bahia, c'est la mer ... et la ville en contrebas.
Dans la lumière de fin d'après-midi, les couleurs sont somptueuses, sur l'océan, à la lisière du ciel et sur les gens.
On n'hésite pas à Bahia à porter du rose indien, de l'orange , du vert grany smith ou du bleu électrique.

La chaleur est tombée, on profite de la vue et de cet "arrêt sur images" avant de rentrer chez soi ou à l'hôtel
ou d'aller prendre un verre dans un bar du Pelourinho en écoutant de la musique.
Les amoureux s'enlacent naturellement devant le spectacle,
se regardent ou tournent ensemble les yeux vers la mer.

Je me souviens de cet instant précis où un couple s'attardait , assis sur le haut du muret.
L'homme ne contemplait plus l'étendue bleue mais seulement sa compagne.
Elle, était assise plus dangereusement en tailleur, de profil et son regard pouvait encore embrasser
les vagues en bas et en même temps le visage de son ami.

Cet instantané gardé en mémoire serait le sujet d'une toile.
J'avais commencé une esquisse, quand nous avons reçu deux français en visite au Brésil.
Nous partîmes avec eux sur la côte. Un soir, chez des amis, profitant d'un autre panorama fantastique sur la baie d'Ilhéus,
Daniel se mit à décrire celui précisèment que j'avais commencé à peindre.
La même sérénité béate et émerveillée , que celle que j'avais éprouvée semblait irradier ses traits.

Je reprenais l'élaboration de ma toile en rentrant à Brasilia , avec ce supplément de satisfaction d'une impression partagée,
d'une évidence sur la beauté du lieu.
Il faisait presque  nuit quand j'avais vu la scène à Salvador. Pourtant , en la peignant j'ai voulu d'abord y rajouter de la lumière :
plus de bleu céruléen dans l'océan, plus de clarté sur les façades d'immeubles, un vert vif et un orange pour les ti-shirts du couple ;
Cela me semblait plus vivant, plus foisonnant .

Mais quand le blanc du fond a disparu de la toile, je n'ai pas retrouvé l'ambiance , l'atmosphère que j'avais ressenties.
Il fallait finalement qu'il y ait plus d'obscurité sur la toile.
La magie du lieu venait peut-être de ce que l'on devinait les choses sans complètement les voir .
Rendre compte de cette lumière rasante . Voilà le défi ...
Garder sur un tableau ce moment éphémère de la tombée du jour, qui dure quelques lentes minutes ,
avec des changements de coloris imperceptibles de seconde en seconde.

Je me suis mise à refoncer les couleurs, mais en gardant les contrastes.., assombrir les tons du muret
mais garder la tranche où est assise la fille, blanche et lumineuse ; remettre de l'outremer foncé dans le creux des vagues et sur les batiments
ainsi que du rouge carmin teinté d'ocre en touches à quelques endroits, mais rajouter de l'écume blanche sur la surface de l'eau.
Cà y est ! J'y étais presque...

Il fallait encore nuancer la couleur de la peau dans cette lueur du soir, esquisser quelques fenêtres , sans ajouter trop de détails,
que l'oeil n'aurait pas appréhendés ou remarqués dans la réalité.
Le regard même prolongé ne retient que les points lumineux, la crête des vagues, les fenêtres éclairées,
les murs blancs,  bleuis le soir venu, quelques feuillages verts brillants tout proches.

Rendre compte aussi du calme , à cette heure précise, après l'effervescence agitée de la journée.
Effleurer la toile, sans touches agressives ; déposer du feutre doux et des couleurs vivantes mais apaisées.
De là où nous sommes, la ville est silencieuse ; les gens parlent doucement, on admire.
On est trop en hauteur pour entendre le bruit de la mer ... et l'on s'attendrit , dans cette courte parenthèse,
de partager le spectacle avec d'autres couples d'amoureux inconnus .... 

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