Un Phalaenopsis à pois violets
Acrylique sur toile 30 x 30 cm
Tous les jeudis matins, je fais place nette sur la très grande table en verre de la salle
A 9H30, mes amies commencent à arriver :
Solange, Laure, Anne-Sophie, Agneta, Caroline, Mireille, Valérie...
Le groupe change au fil des mois.
Danielle et Aline sont reparties définitivement en Europe,
Hana et Anette nous rejoindront dans quelques semaines,
quand l'atelier reprendra après la période des vacances.
Nous nous retrouvons avec plaisir pour peindre ensemble et aussi pour bavarder.
J'ai commencé dans ce cadre, une série de tableautins sur le thème des orchidées,
car pour la première fois, quelques-unes de ma modeste collection
se sont décidées à refleurir . Je commençai à désespérer...
J'installe les plus jolies dans des cagettes suspendues sous l'auvent de la terrasse.
Les autres attendent dans un coin, sur le sol, regroupées et serrées les unes contre les autres.
Toutes sont à l'abri des rayons du soleil trop chauds de la mi-journée
et reçoivent comme il le faut, de temps en temps, juste un peu de pluie,
ce qui est parfait pour compléter l'arrosage trop aléatoire, du fait de ma négligence.
En fait et c'est bien pratique pour moi, les orchidées se satisfont bien
qu'on les oublie un peu et quand on ne s'y attend plus,
elles font la surprise enfin de s'épanouir fragiles et délicates
et pour certaines de répandre des parfums subtils ou parfois entêtants :
odeurs surprenantes de chocolat, de vanille
(qui rappelons-le est une orchidée ...) ou encore d'ylang-ylang.
L'une d'elles s'est réveillée, un bien nommé Phalaenopsis
(du grec phalaina : papillon de nuit et opsomaï : qui a l'air de).
Une hampe a poussé en l'air et deux autres presque à l'horizontale.
Quelques boutons ovoïdes et sombres sont apparus au bout des tiges
et ont gonflé peu à peu, et un matin un premier bourgeon s'est ouvert.
Les pétales se sont déployés comme des ailes de papillon.
Ils étaient d'un blanc pur et parsemés irrégulièrement de pois violets
qui ressemblaient à des gouttes de peinture tombées sur un papier d'aquarelle mouillé
ou à des taches d'encre Waterman écrasées sur un buvard, comme dans nos souvenirs d'enfance.
J'ai posé la très belle orchidée sur la table pour la prendre en modèle.
Les couleurs des fleurs étaient vraiment harmonieuses.
Cet indigo foncé, ce violet d'évèque aurait pu paraître électrique sans l'écrin immaculé.
A cette nuance plutôt évocatrice de mystère, de romantisme et parfois de mélancolie,
pour moi, il manquait peut-être son contraire, sa complémentaire :
un jaune-orangé pour la réchauffer, la dynamiser et la mettre en valeur.
Sur la toile carrée, je me régalai d'offrir à l'élégant Phalaenopsis un fond mandarine,
une couleur qui correspond bien à mon caractère plutôt gai et enthousiaste,
semblable à celle des boites Hermès renfermant précieusement foulards ou bijoux raffinés.